photo : Benoît Campion

Vitrolles est, de l’extérieur, souvent identifiée par son urbanisme de zones. Un urbanisme fonctionnaliste qui rime avec zone commerciale, avec zone d’activité, avec zones de logement social ou zone pavillonnaire. On s’y donne rendez-vous sur une « zone », plus souvent que dans un quartier. On s’y rend presque exclusivement en voiture, par l’autoroute et par de grands giratoires où on se perd facilement quand on n’y a pas ses habitudes. Des zones liées à un urbanisme de forte croissance, qui se sont étalées en prêtant peu d’attention aux problématiques écologiques. L’autoroute, omniprésente, est comme une cicatrice qu’on fait semblant de ne pas voir, plutôt qu’une structure inscrite dans l’aménagement du territoire urbain. Cela se lit sur ses franges ouest : une partie de la ville est protégée par la végétation, une autre partie, pas du tout ; les enseignes commerciales se servent parfois de l’effet vitrine du bord d’autoroute pour se rendre visible, d’autres pas du tout. Le plus souvent le dispositif est assez flou. La voirie, entre giratoires et boulevards, souvent surdimensionnés, fait oublier la qualité du paysage.

 

Vitrolles recèle pourtant, de l’intérieur, de multiples richesses, en particulier celle, pour ses habitants d’avoir accès à de multiples activités, équipements, loisirs et services, tout près de chez eux. C’est ce qu’ils défendent souvent et comparent aux autres communes. Ils revendiquent aussi sa situation géographique, pas seulement pour le plaisir de la promenade bucolique qui grimpe en haut de son rocher. Vitrolles, en effet, est surtout une géographie. Un territoire urbanisé qui s’inscrit dans une entité paysagère singulière. Le grand paysage est très présent, avec d’un côté l’étang de Berre et de l’autre côté le plateau de l’Arbois. La forme urbaine communale est étroitement liée aux contraintes topographiques. Rarement une ville n’a été à ce point structurée dans sa longueur : le centre historique, le centre administratif, le centre commercial, les quartiers d’habitation se sont étalés dans le territoire plutôt que s’y coaguler.

 

Les falaises dominantes du plateau sont comme un gardien rassurant. Les surfaces scintillantes de l’étang qui se confondent parfois avec les lumières de l’aéroport, sont comme un miroir lointain. L’urbanisme de la ville de Vitrolles, s’il veut se renouveler, peut et doit jouer de cette géographie singulière, afin d’une part de la valoriser, et d’autre part, de créer du liant. Les grandes opérations d’aménagement en cours, comme le Bus à Haut Niveau de Service, et bien sûr, le Programme de Rénovation Urbaine, sont une chance à saisir, afin que l’urbanisation du « secteur centre » de Vitrolles rime davantage avec une urbanité assumée.